Au cours du WE de Pâques, La blonde et moi avions décidé de faire une ballade à cheval en Camargue.
Nous voilà donc partis pour les cabanes de Cacharel, tout près des Saintes Marie de la mer.
Après avoir posé sur nos têtes une bombe (Bombe : mot d'origine équestre signifiant casquette dure et noire), nous allons à côté du lieu de repos des chevaux.
Nous sommes une quinzaine à prendre le départ de cette petite ballade de 2 heures.
Après avoir indiqué que notre seule expérience hippique consiste en une partie de petits chevaux il y a quelques années, nous attendons patiemment que l'on nous donne un cheval correspondant à notre niveau.
La blonde fait connaissance avec son (très) petit cheval.
Etrangement, je suis le dernier.
On me redemande "vous avez déjà monté ?"
Après avoir signifié à mon interlocutrice qu'on ne dit pas "vous avez déjà monté", mais "Etes-vous déjà monté ?" "et d'abord, où-voulez vous que je monte, c'est tout plat, cette région", je rappelle que je ne suis jamais monté sur un cheval (enfin sauf à Walibi sur un cheval très vieux, pendant 5 mn, enfin bref)
La fille a l'air embêtée, passe un peu en revue les chevaux, une fois, deux fois, puis se dirige vers un cheval immense.
Waouw, comme il est gros, celui-là. (je précise que ce n'est pas un cheval camarguais, qu'on me refile, puisque les chevaux camarguais sont petits)
La fille commence à le détacher, et monsieur ne veut pas lâcher sa place (en même temps, il était en train de manger).
Finalement, il obtempère.
Un gars vien lui mettre ses mords (mot équestre signifiant muselière avec des lannières en forme de rennes, communément appelées "rennes")
Le cheval lui met un ou deux coups de tête.
Finalement, on me dit de monter.
Je fais un peu d'escalade pour arriver à me caler sur la selle. waouw, c'est haut. La classe.
Je n'y connais rien, mais je crois que les rennes sont trop courtes (les rennes, ce sont ces lannières, accrochées au mords ; pour avoir la définition du mot mords, voir plus haut), enfin bref.
Le cheval va direct vers l'abreuvoir (bar lyonnais bien connu) pour s'abreuver, donc.
Je le laisse donc boire, je ne suis pas un tyran, tout de même.
Rapidement, la troupe commence sa ballade, et mon grand cheval blanc s'arrête de boire, et suit ses copains.
Une file indienne se dessine rapidement, avec quelques chevaux un peu à l'écart, dont le mien.Je passe à côté d'autres cavaliers qui disent "oula, il est grand, celui-là". Et oui, c'est moi qui ai le plus grand.
A un moment, il montre un signe d'énervement, bon, ça doit être normal.
Et puis d'un coup, je ne sais pas ce qu'il se passe, mais mon grand cheval s'excite, et fais deux ou trois mouvements assez virulents.
Puis il repart.
Du coup, pas du tout rassuré, je demande à la nana qui nous accompagne "il n'est pas un peu nerveux, celui-là ?""non non, c'est le début de la ballade, il faut qu'il trouve sa place dans le groupe, et puis ça va aller tout seul"
Soit.
Me demandant pourquoi MON cheval doit trouver sa place, alors que les autres semblent tous avoir trouvé la leur, je me dis que la nana me raconte n'importe quoi.
Et je me dis que les deux heures risquent d'être très longues.
Rapidement, je m'aperçois que mon cheval n'est pas normal.
Alors qu'il s'est calé dans la file, d'un coup, il niaque le cul de son copain de devant.
Le cheval de devant marque un temps d'arrêt, puis continue.
A un moment, il envoie ses pattes derrière vers son copain de derrière, qui devait le suivre de trop près à son goût.
Dès que le terrain devient difficile, à cause de l'eau des étangs ou de la boue, la puissance de mon cheval fait qu'il dépasse un ou deux de ses copains, qui le regardent passer avec crainte.
Dès qu'il se cale derrière un cheval, il lui niaque le cul.
Il lui laisse un petit mètre d'avance, et d'un coup SCHLACK !
A chaque fois, j'ai peur que cela déclenche une baston de chevaux, ou qu'il se cabre, ou qu'il parte au galop.
Au bout d'un moment, les autres disent, quand ils passent à côté de moi "ah, lui c'est le méchant".
Je précise que mon ancienne collègue avait eu un accident de cheval au cours d'une ballade dans les landes, il y a deux ans, et qu'elle a toujours des séquelles. Je suis donc super rassuré.
Je précise également qu'il y a deux ans je me suis cassé la jambe au ski, et que je ne peux refaire du sport que depuis peu de temps
Bref, je n'ai pas spécialement envie d'un nouvel arrêt de travail de deux mois et demi.
Toutes les minutes, il y a quelques chose qui ne va pas, il niaque, il commence à trotter (et me fait valdinguer, vu sa puissance), il essaie de piquer la place d'un autre ...
En plus, je me dis que le cheval doit sentir que je deviens stressé.
Quand je sens qu'il va attaquer, ou qu'il va partir au trot, j'essaie d'appuyer sur le frein avec les rennes, et systématiquement j'ai l'impression qu'il me regarde en se disant "qu'est-ce que tu me veux toi ? laisse moi tranquille".
De temps en temps, je regarde devant, la blonde est tranquillement posée sur son petit cheval et regarde le paysage.....

... loin d'imaginer que je misère, à l'affût du moindre signe d'énervement du monstre...
On fait une hâlte.
Je dis à la nana que je voudrais bien changer de cheval, mais bon, visiblement elle s'en fout.
Il faut tenir les rennes du cheval pendant qu'il broute. Je tiens donc les rennes, en faisant attention à ne pas trop l'emmerder.
Il commence à brouter, et d'un coup, releve la tete, et me fixe, immobile.
Je me dis "putain de merde, il ne m'aime pas, je crois, et il veut me déchiquetter".
Je fais donc bien attention à me tenir à côté de lui, histoire de ne pas être vulnérable à ses sabots avant ou arrière.
Bon, finalement, il recommence à brouter, et ça se passe pas si mal.
Je dis à l'accompagnatrice qu'il niaque tous ses copains.
Elle me dit "oui, c'est normal, en fait, c'est le chef du groupe, et comme tous les dominants, il veut se faire respecter."
Ah ok ... on m'a donné le chef des chevaux, délicate attention ...
On repart.
Je me dis que finalement, comme c'est le chef, c'est normal qu'il agisse ainsi, et qu'au moins, aucun cheval ne l'emmerdera, et que tout se passera bien.
Surtout qu'il se cale derrière un cheval qui doit lui plaire, puisqu'il n'attaque plus.
Enfin, 5 mn plus tard il avait mis un petit coup de niaque pour la forme, mais bon ...
Puis je me retrouve derrière un gros cheval, un tout petit peu moins gros que le mien.
Le mec est en train de discuter avec l'autre accompagnatrice.
Elle parle du cheval du mec, en disant qu'il s'appelle Minuit.
"Minuit, c'est un cheval sans pitié avec les autres, s'il y a un poulain sur sa route, il ne se posera pas de question."
Horreur.
A tous les coups, on va assister à un règlement de comptes entre gros chevaux.

A un moment, Minuit essaie d'attaquer le chveal de l'accompagnatrice ! Cette dernière engueule violemment Minuit, qui se calme tout de suite.
Merde ...
Pendant ce temps, la blonde est toujours devant, tranquille, à admirer le magnifique paysage que je ne regarde que très épisodiquement, condamné à subir les sautes d'humeur de Solutré (puisque je viens d'apprendre son nom par l'accompagnatrice), sans pouvoir faire quoi que ce soit.
Ca ne se passe pas trop mal, Solutré se tient plus ou moins tranquille.
Mais évidemment, l'envie se faisant de plus en plus forte, au bout d'un moment, il ne peut s'empêcher de mettre un petit coup à Minuit, lequel s'arrête immédiatement, et se retourne.
Solutré s'arrête net.
Les deux chevaux se défient du regard.
gros stress ....
Au bout de quelques petites secondes interminables, Minuit repart normalement. pfiouuuu
Le reste de la ballade s'effectue sans trop de problèmes, avec quand meme quelques petits trots ravageurs.
Arrivés juste à côté de la cabane, encore quelques problèmes (le mord part en live, je me dis que Solutré va s'énerver, et finalement, le mord se remet en place tout seul), les chevaux sont tous un peu nerveux à ce moment là, d'ailleurs, la blonde a manqué de passer par dessus son cheval...
On arrive, et Solutré se dirige directement vers l'abreuvoir, tout comme un autre cheval delesté de son cavalier.
Ce pauvre cheval a décidé de boire en même temps que Solutré, ce dernier se prépare à lui mettre une branlée ; l'autre se tire juste avant qu'il ne soit trop tard, en gémissant.
J'attends qu'il finisse de boire. il se dirige ensuite vers la bouffe, et après avoir réussi à l'arrêter (sinon je me prennais le toit...), je demande si je peux descendre (évidemment, personne n'est venu m'aider).
Je descends.
OUF
Tout est bien qui finit bien.
A l'accueil, on me demande si ça s'est bien passé, je dis "moyennement".
Après avoir vite fait expliqué, on me demande quel cheval j'avais
"Solutré"
Après un temps d'hésitation"Ah oui, ils ne vous ont pas donné la facilité"
... connards
Bilan
2h de stress
même pas vu le paysage magnifique
gros coup de soleil
50€ en moins
Je reste positif, il ne m'est rien arrivé.
Mais je ne suis pas prêt de remonter sur un cheval.